Décoration : des plantes à l’assaut des murs

C’est aux Serres du Lodévois que David Cussol a choisi de développer ses tableaux végétalisés, puis ses murs eux aussi recouverts de plantes. À Lodève (34), au cœur de ce pôle horticole-agricole qui renaît, il a trouvé, en particulier, de l’eau qui arrive en permanence à 28 °C grâce à plusieurs puits de géothermie. L’idéal pour chauffer tout au long de l’année de petites plantes fleuries et feuillages qu’il associe en microjardins à suspendre.

Ce premier concept de compositions verticales pour la décoration végétale d’intérieur, qui est commercialisé sous le nom de Wallflower, a été conçu* avec Paul Milhau, comme lui enseignant, il y a environ quatorze ans, au sein du lycée agricole et horticole de Gignac (34). Un brevet d’invention a été obtenu en 2007. Une ver­sion Vertiwall a été déclinée avec succès en modules pour murs végétalisés.

Une production sous chaleur tropicale grâce à la géothermie

Pour les cadres et tableaux végétalisés, les jeunes plants arrivent, tous les quinze jours, durant toute l’année, des Pays-Bas et un peu du Danemark. Toutes les étapes d’assemblage et de montage sont réalisées en France.

Les espèces végétales sont associées et implantées dans des poches, des sortes de coussins de culture composés d’un intissé en polypropylène imputrescible, d’un système d’irrigation par capillarité et d’un rigidificateur qui permet de les suspendre sur leur support.

Un substrat spécial a été mis au point, il y a dix ans déjà, avec le fabricant Klassmann. Les compositions (mono- ou pluriespèces) sont posées au sol et élevées pendant six à huit semaines en serre. La production est économique : l’eau de la géothermie circule dans des gaines, de 40 à 50 cm au-dessus du sol. Combiné à l’humidité dégagée par le circuit d’irrigation – « L’eau coule dans des rigoles, à l’air libre » –, l’ensemble reproduit des conditions de chaleur humide propices à la culture des plantes d’intérieur, d’origine majoritairement tropicale. Cette étape d’élevage se fait sans utilisation de produits phytosanitaires d’origine chimique, et en protection biologique intégrée (PBI).

Finition à Avignon et expédition dans tout l’Hexagone

Les modules sont ensuite externalisés : les poches sont envoyées chaque semaine sur des rolls, à Avignon (84), à la fois pour recevoir leur cadre puis pour être expédiées chez les clients par la société mère, Naturalys.

« L’enseigne Botanic et certains fleuristes ont cru les premiers à notre concept. Puis j’ai visité toutes les jardineries de France. Maintenant, le Wallflower est commercialisé partout en France, un peu en Allemagne et en Suisse. Un partenaire produit et vend également au Canada, détaille David Cussol. Bien entendu, les périodes les plus propices sont les fêtes, avec toutes les occasions de faire des cadeaux. Les avantages de ces petites œuvres vivantes, c’est qu’elles ont un effet décoratif immédiat et qu’elles sont faciles à entretenir : l’arrosage a été résolu grâce à une réserve derrière le cadre et surtout un indicateur. Un enfant peut arroser seul. »

Les tableaux Wallflower se déclinent aussi en murs Vertiwall

Depuis cinq ans, ce concept a été adapté peu à peu, avec Naturalys, toujours. Les modules végétalisés associés entre eux deviennent des pans de murs pour décorer les intérieurs. Ainsi est né Vertiwall, dont une nouvelle version se décline, depuis 2019, pour l’extérieur. Le principe est encore en cours d’optimisation, mais prend de l’essor.

Les plantes, spécialement choisies, proviennent toute l’année des Pays-Bas pour composer les murs d’intérieur, et essentiellement, en mars, de producteurs français pour les versions d’extérieur. Le choix d’espèces dépend du climat et des expositions finaux, soit un minimum de vingt variétés différentes assurant esthétique, biodiversité et bonne tenue. Des grimpantes, des retombantes, des arbustives...

Les plantes sont associées dans le même type de poches que celles de Wallflower, en plus grand. Pour l’extérieur, les coussins sont remplis d’un substrat spécial conteneurs, variant là aussi selon l’exposition et le climat. Ils sont acclimatés et élevés en extérieur, entre huit et douze semaines, sur une cinquantaine de grilles de culture en fonction des besoins.

Chez les consommateurs, les modules associés composent des jardins muraux, chaque projet restant unique. Les struc­tures qui les accueillent comprennent des bacs noir mat en aluminium longs de 1 m sur 20 cm de hauteur et 20 cm de profondeur. Un système d’irrigation par goutteurs, un réservoir et un trop-plein permettent un arrosage en circuit fermé. Trois dimensions de réserves s’adaptent à chaque projet : 98, 40 et 20 cm. L’arrosage est totalement autonome : le remplissage automatique de la réserve par robinet flotteur, un seul programme pour toute l’année, en général deux sessions par jour afin de refaire les niveaux et d’oxygéner l’eau.

Travail manuel et savoir-faire français

Les poches utilisées pour les murs végétaux sont fabriquées par l’Esat Les Ateliers Vallée de l’Hérault, à Florensac. « Pour le moment, celles des tableaux viennent de Chine. Nous n’avons pas encore trouvé de solution mais notre volonté est bien de recentrer­ l’ensemble des fournisseurs en France, ou au moins en Europe. Les structures de métal pour les murs sont fabriquées à Toulouse (31), les bacs équipant les tableaux par la société Maxiplast, à Mèze (34), les encadrements sont importés d’Italie.

Ces modules pour murs Vertiwall comportent plusieurs avantages :

- la simplicité : pour un chantier classique, une personne seule peut installer un mur végétal sans difficulté ;

- un entretien limité : éventuellement un peu de taille des végétaux et la vérification du système d’arrosage. Si besoin, un ajout d’engrais dans la réserve ;

- une réparation aisée : il est facile de rebrocher une plante en cas de défaut dans la décoration. La livraison de nouvelles poches végétalisées est possible dans les 48 heures ;

- la garantie de six mois sur la reprise des plantes, et jusqu’à dix ans sur les éléments de la structure.

Ces modules pour murs concernent essentiellement les paysagistes, les hôtels-restaurants, les bureaux, les halls d’accueil, tous les bâtiments à décorer, qu’ils soient publics ou privés… II n’y a pas de limites quant à leur utilisation. Le plus fréquemment, il s’agit de 30 m², mais une entreprise a déjà commandé jusqu’à 100 m² !

La commercialisation s’effectue par l’intermédiaire d’un réseau national de paysagistes partenaires que nous avons formés au fonctionnement du système de culture. Essentiellement dans l’Hexagone, principalement pour les décorations d’intérieur, mais également en Suisse grâce à une entreprise partenaire.

« Pour identifier et valoriser notre travail manuel et ce savoir-faire français, nous répondons au cahier des charges du label La French Fab, de l’industrie française », conclut David Cussol.

Odile Maillard

*Il y a plus de dix ans déjà, David Cussol travaillait sur des expérimentations avec Les Serres du Lodévois et le lycée agricole de Gignac. Il est resté formateur jusqu’en 2020, mais s’investit désormais à plein temps dans la production des tableaux et murs végétalisés pour la décoration.